Les réfugiés congolais recouvrent la parole avec Babbel

À propos de notre bloggeuse : Crisi est une « historique » de Babbel où elle travaille depuis 2008 déjà. Il n’y a pas que dans le domaine professionnel qu’elle aime rencontrer des gens pour apprendre avec eux : elle a déjà visité 47 pays dont elle rapporte toujours, outre une collection de souvenirs douteux, […]

crisiÀ propos de notre bloggeuse : Crisi est une « historique » de Babbel où elle travaille depuis 2008 déjà. Il n’y a pas que dans le domaine professionnel qu’elle aime rencontrer des gens pour apprendre avec eux : elle a déjà visité 47 pays dont elle rapporte toujours, outre une collection de souvenirs douteux, également quelques mots de la langue locale. C’est ainsi qu’elle a appris qu’en luganda, l’autre langue officielle de l’Ouganda avec l’anglais, on se salue d’un « Ki kati ».
Que ce soit dans un pays riche ou pauvre, dans un petit village ou dans le tourbillon d’une métropole : il en faut peu pour élargir son horizon – un accès à Internet et le plaisir d’apprendre peuvent suffire par exemple. C’est ce que j’ai pu de nouveau constater l’année dernière en Ouganda. En février 2013, je suis partie pour un mois en Ouganda où j’ai rencontré, à Kampala, la capitale, Edmund Page du projet Xavier. Cette initiative et le projet affilié YARID (Young African Refugees for Integral Development) se sont donné pour mission d’offrir aux nombreux réfugiés de la ville un accès à l’éducation.
Pour la plupart venus du Congo voisin où les conflits sanglants se succèdent depuis 20 ans, ces réfugiés essaient de construire une nouvelle vie dans l’Ouganda pacifique. Menée pour le contrôle de l’exploitation des mines d’or, de diamants et des autres ressources minières du pays, cette guerre a déjà fait plus de cinq millions de morts et déplacé entre un et deux millions d’individus. Près de 50 000 d’entre eux vivent aujourd’hui à Kampala dans le dénuement, sans accès au logement, à la nourriture ou aux soins médicaux. Étudiants, commerçants, mères, infirmières ou enseignants, ils ont été chassés par les rebelles et se retrouvent aujourd’hui réfugiés dans un pays dont ils ne parlent pas la langue et où ils ne sont pas toujours accueillis à bras ouverts. À part avec les personnes partageant le même destin, il est ainsi difficile de communiquer, les Ougandais parlant l’anglais alors qu’au Congo c’est le français qui, à côté des langues locales, est langue officielle. À Kampala, travailler et prendre part à la vie publique implique d’avoir de bonnes connaissances en anglais.Bildschirmfoto 2014-02-03 um 15.30.21
Le projet YARID permet à certains des réfugiés de suivre gratuitement un cours d’anglais. Mais ces étudiants ont souvent du mal à se concentrer sur l’apprentissage, sans compter que le cours rassemble les débutants et apprenants de niveau avancé, soit souvent près de 70 personnes réunies dans une petite pièce. L’un des volontaires du projet est Robert qui a fui le Congo en 2008 et qui transmet aujourd’hui les compétences linguistiques qu’il a acquises en autodidacte à ceux qui l’ont suivi.
J’ai eu l’occasion d’assister Robert pendant une heure de cours. C’était vraiment génial parce que les étudiants, pour la plupart des adultes, étaient incroyablement zélés ! Mais cette petite heure a suffit à m’épuiser car il fallait vraiment lutter pour supporter le niveau sonore qui régnait dans la petite cabane en tôle ondulée qui sert de salle de cours. J’ai aussi trouvé très triste de ne pas être en mesure de mieux répondre aux différents niveaux de chaque élève – certains s’ennuyaient clairement alors que d’autres avaient beaucoup de mal à suivre le cours qui consiste principalement a écrire au tableau des phrases qui sont ensuite répétées en chœur par l’assemblée. Les femmes, surtout, sont très timides et n’osent pas intervenir ou poser des questions quand elles ne comprennent pas quelque chose.
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C’est après que mon hôte, Edmund, m’a montré la salle informatique du projet Xavier que m’est venue l’idée d’utiliser Babbel – des cours d’anglais sur ordinateur me semblaient pouvoir résoudre tous ces problèmes ! L’idée n’a d’abord eu qu’un succès mitigé : sur les douze vieilles bécanes de la salle informatique, seuls deux ordinateurs fonctionnaient correctement et la connexion internet était lente à s’arracher les cheveux. J’ai ajouté mon propre ordinateur portable et mis deux ou trois personnes par machine. La plupart des étudiants n’avaient encore jamais utilisé d’ordinateur et ils ont d’abord dû se familiariser avec la souris et le clavier. Mais une fois rendu sur le site Babbel, tout a parfaitement fonctionné : leçon après leçon, les mots de vocabulaire ont été appris, prononcés, écrits – jusqu’à ce qu’il faille fermer la salle pour la nuit.
Dgirlsans les jours qui ont suivi, j’ai à plusieurs reprises organisé un « Lady’s Day » et invité tout spécialement les femmes du cours d’anglais à poursuivre l’apprentissage l’après-midi dans la salle informatique. C’est ainsi que j’ai rencontré Fatou qui, à plus de 60 ans, était l’une des participantes les plus âgées du cours. Malgré quelques difficultés initiales avec le clavier, elle ne s’est pas découragée et a rapidement poster un message sur son compte Facebook pour appeler toutes les « Mamas » Bildschirmfoto 2014-02-03 um 16.53.55à suivre son exemple et à apprendre l’anglais. C’est voir à quel point Fatou et les autres femmes prenaient plaisir à apprendre sur ordinateur qui m’a convaincu de m’investir pour permettre aux réfugiés d’avoir un accès fiable aux cours Babbel.
De retour à Berlin, j’ai lancé au sein de Babbel et dans mon cercle d’amis un appel au don qui a rencontré un franc succès. J’ai donc été en mesure de retourner en Ouganda en novembre avec quelques ordinateurs portables, des haut-parleurs et un peu d’argent à investir dans une meilleure connexion Internet. J’ai montré au nouvel employé du projet Xavier, Alex, comment créer des comptes Babbel, utiliser les codes d’activation offerts et sélectionner des cours qui correspondent au niveau d’apprentissage des élèves. Depuis le début de l’année, Alex donne également des cours d’informatique réguliers dans lesquels il montre à ses participants, entre autres choses, comment utiliser Babbel.
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Les réfugiés du projet peuvent ainsi apprendre l’anglais avec leur propre compte, quand ils en ont le temps et tout en améliorant leurs compétences en informatique ce qui constitue également un avantage pour trouver un emploi. Chacun peut aller à son rythme et apprendre à parler et écrire l’anglais quel que soit son niveau initial.
Je suis heureuse que les réfugiés congolais de Kampala aient la possibilité, avec relativement peu d’efforts, d’améliorer leur situation et nous espérons que beaucoup d’entre eux seront bientôt intégrés dans la société ougandaise. Il suffit souvent d’un petit coup de pouce pour produire de grands effets. Ou, comme le dise les Ougandais de façon très pragmatique : « Le meilleur moment pour planter un arbre était il y a vingt ans. Le deuxième meilleur moment c’est maintenant. »

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